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baracouda

18 mars 2006

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Nouveau message Apparence Contenu Paramètres Outils Voir le blog Aide Déconnexion   Nouveau message Nouveau Nouveau message Pour ajouter une nouveau message, complétez le formulaire ci-dessous et cliquez sur "Publier". Vous pouvez associer votre message à une catégorie, modifier sa date de publication, ou encore l'enregistrer comme brouillon pour le conserver sans le publier. Titre : Poster dans : Brouillon Modifier la date : -  Rétrolien (Trackback) Derniers messages postés Titre Auteur Date     Supprimer "FRESNES!"...TOUT LE MONDE DESCEND baracouda 31/01/06 - 11:39 Editer Visualiser PROLOGUE Je m'appelle Luc. Aujourd'hui, je me décide... "j'ai cris"... je m'embarque... je souque ferme ver cette rive accidentée de récifs.... la nuit pour l'ombre ?... Peut-être... Je prends à mon compte ce cri sans écho, ce silence bruyant qui s'appuie sur le voile de chaque phrase et vocifère à perdre haleine pour mon propre compte, peu étonné d'entrevoir que je m'égosille sans faire la moindre vague.... À force de parer aux assauts de nos désirs, ils agonisent et nous oublions qu'ils ont existé. On attend l'aube qui se lève, gorgée de passions mortes dans la routine du quotidien... Costume de "cadre" ou de travailleur moins apprêté, fidèle et besogneux. Avec la bonne santé du détachement on se tient de glace dans une imagination à jamais refroidie. Du petit jour à l'angélus, les éternels sillons des chemins qui nous mènent au salariat, nous font plus sinistres à chaque instant. Reste l'illusion d'une carrière assurant la sécurité des lendemains heureux... sans lendemain... la vie est courte camarade !... Mais il faut la gagner...et surtout bien la gagner. Certains, piégé par cette obstination, parviennent à l'orée de leur existence sans avoir, en aucun moment, senti passer le souffle de la vie... Les pas que l'on fait à reculons piétinent notre pauvre et malheureuse destin. . Ils ne sont pas encore présents les jours où l'on ne pensera pas pour toi, où l'on ne t'organisera pas. Il existera encore d'autres jours où l'on devra rendre tripes et sang pour la " bonne cause", les " bonnes idées..." "Mourir pour des idées, l'idée est excellente, moi j'ai failli mourir de ne l'avoir pas eu..." Merci Brassens!... Non!...Elles ne sont pas encore mortes les périodiques éjaculation des fusils et des bombes. Cette impuissance à s'aimer se règlera encore sur les champs de bataille...la guerre est bien le lieu géométrique de toutes les bonnes raisons qui dansent sur des cadavres. Non ! nous ne sommes pas des moutons, mais nous avons ceci de commun, dans le sacrifice de masse, nous jouissons d'un certain aveuglement et notre instinct grégaire nous porte à la fosse commune des veaux guerriers. Une ceraine façon de prolonger l'économie par d'autres moyens. Un moyen comme un autre diront les cyniques. Il faut bien s'accrocher dans ce système économique de non-vie, qui nous tient fidèles et besogneux. Ils nous reste quand même à entendre radoter sur le beau et le mauvais temps, sur les jeunes des cités et la sécurité, combler les soirées vides avec les émissions creuses de la téléréalité animée par des "phrasicoteurs," des peloteurs de médias, des détergents de l'esprit; ils sont là pour aménager ton avenir, t'entretenir dans un profond engourdissement fait de tendresses attentives, te maintenir dans une indignation tissée de faits divers" inquiétants"ou de discordances déchirantes concernant les politiciens, opérations de charme, basses flatteries et racolages, tout est bon et nous marchons...on nous occupe.... Jeux sociaux...télé-con...pubs détersives... tout est luisant..impéccable...propre...toute apparence fripée devient suspecte... toute odeur animale attire le mépris et provoque une grimace...et ces jeunes de banlieue mal fagotés qui nous insultent... Il ne nous reste plus qu'à leur cracher à la gueule...cette foutue jeunesse des cités qui a l'impudence de nous reprocher les ghetto dans lesquels nous l' avons parquée...et le mépris que nous avons manifesté à l'égard de leurs pères et mères émigrés qui ont participé à tous les sales boulots pour survivre....traces qui subsistent et qui se sont inscrites dans la mémoire de ces familles. La violence d'aujourd'hui c'est le produit du monde que nous leur avons fait. Les jeunes ne peuvent plus supporter l'éloge que nous portons à notre ombre. Comme c'est dit, avec tant de lucidité, ils ne respectent plus rien; souvenons nous, il n'y a pas si longtemps... et maintenant encore.."Sales bougnoules!"...et plus globalement... "Jeunes cons!" Certains nos pas encore épuisés la réserve de leurs insultes. Une partie des jeunes, en nous regardant, découvrent le paysage que nous leur avons fabriqué, ils y voient le reflet de deux images sordides qu'ils veulent effacer. Nous avons été des miroirs trompeurs. Écoutons ce qu'il y a de déplacé dans nos invectives et faisons un effort pour comprendre que le miroir dans lequel la jeunesse croyait pouvoir se refléter ne donne qu'une caricature grotesque, une esquisse maladroite de ce qu'elle souhaitait percevoir. Un jour, le rejeton défait son corset. "Le petit" s'est retourné sur lui-même et présente au jour l'intérieur, la face cachée de ses ressentiments. Il vous échappe. Tout s'écroule. Il dénonce d'une façon définitive la redondance des discours faits de vacuité. La jeunesse a horreur du vide. Quand elle est prise de vertige, elle emporte dans son tourbillon, et détruit sur son passage, toutes les normes du système dans lesquelles nous comptions l'enfermer. Jeunes con!... Du haut de la "pyramide" on pousse des cris d'orfraie...Violence!...Délinquance!...Drogue!...Faut que ça change. Il serait temps de juguler tout ça....ces sauvageons!... Il serait temp qu'ils prennent modèle sur la sagesse des responsables nimbés de probité candide. Rien à suspecter!...Qui oserait chez eux piquer dans la caisse?...je vous le demande... qui?... Qu'importe les profits pléthoriques. Surtout ne nous écartons pas de cette économie qui peut rapporter gros et faire des ravages. A force d'être sollicité pour suivre une morale à sens unique, cette jeunesse découvre la supercherie. Certains jeunes perdent pied à force de constater que les "Grands" dans les plus hautes sphère de l'État chanten avec les sirènes de la perversion. Comment s'étonner de voir ces "sauvageons" cèder à la pulsion destructrice, s'inventer des ennemis locaux, s'approprier des espaces, des quartiers, créer des zones de non-droit, s'égarer dans tous les sens pour en découdre, comment cette société peut-elle leur reprocher ce manque de sens elle qui n'en n'a pas. Leurs coups de griffes n'ont rien de comparable à nos méthodes expéditives. Leurs agitations sporadiques n'ont rien à voir avec l'efficacité de nos génocides organisés qui ne laissent pas de trace. Notre belle conscience pousse le paradoxe jusqu'à l'ignoble, celui de se sentir à l'aise dans des "crimes d'État pour raison d'État." Comment oser prétendre de ces jeunes, qu'ils se rangent du coté de la sagesse et de la raison, quand les sociétés modernes, dans lesquelles règnent les contions actuelles de production, brillent par une redoutable absence de modèles identificatoires sinon pervertis et frelatés dans la majorité des états, qu'ils soient démocratiques ou autoritaires. Les pires exactions de "loubards" ont des conséquences moins redoutables que certains de nos actes inscrits dans de prétendus idéaux. Les premiers sont és au rang de crapules de la pire espèce, les seconds s'enveloppent du voile de tous les alibis qui cache pudiquement leurs mensonges. Les premiers ne peuvent investir à ce niveau pour gratifier, valoriser et justifier leurs actes. On ne prête qu'aux riches.... Durant les années de 1970 certains marginaux, loin des maffias et du milieu traditionnel ont renoué avec certaines pratiques anarchistes de reprises individuelles.... L'histoire qui suit retrace cette période et s'inscrit dans cette dérive....ma dérive. CHAPITRE I Il était dix heures trente à l'horloge qui taille le temps. Dans le quartier régnait un va-et-vient habituel. Un soleil pâle s'échappaient d'un printemps timide. Je sortais de l'hôpital. Un hôpital pas comme les autres. Cour des "miracles." Paranos, toxicos, schizos. Une pépinière de mal-être venue se perdre sous l'auréole protectrice des psychiatres et de leur patronne Sainte-Anne. Je venais de suivre un traitement d'ionisation. Reconstitution du tissu musculaire de l'épaule que je m'étais déchiré. Je sentais une nette amélioration. Ce soir j'allais pouvoir ripailler avec l'ami coco. Un vrai plaisir. J'envisageais la journée avec optimisme. Je marchais sur le fil de mes pensées gastronomiques pendant que derrière moi se tramaient des ruses de Sioux... - Police! Bouge pas ou t'es mort!... Pression froide de deux canons de gros calibres sur ma tempe et mon cou. Je voulus me retourner pour comprendre. Peine perdue. Tout s'accéléra. Cris, bousculade, injonctions... Je me sentis tiré en avant...prise efficace... je raclai le sol du trottoir de tout mon long...coups de pieds sur la poitrine... je gueulais par principe. Un homme à terre, sans arme ne présente pas un danger si énorme qu'il faille le piétiner comme une carpette. La réponse fut plus brutale encore. je me retrouvai les deux bras derrière le dos. Bruit sec d'une paire de menottes qui se referma sur mes poignets. Un dernier coup de pied suivi d'une phrase de consolation pour améliorer l'ordinaire. Soulevé comme un sac je me retrouvai assis sur un banc public. C'était pas le à me bécotter comme dans la chanson de Brassens... Une passante devant ce remue-ménage s'alarma. Un inspecteur intervint avec véhémence. -- Ne vous inquiétez pas Madame... N'ayez pas peur...C'est la police...Ne craignez rien... La petite dame fit rapidement volte-face et disparut... Merci chère Madame...y a pas de mal...rien qu'un petit tabassage pour faire joli. Ce n'était pas le jour des mandolines ce 18 mars à dix heures trente. Les questions de routine se succédèrent. Qui j'étais? D'où je venais? Vérification de mes papiers qu'ils saisirent de mon portefeuille. Ils m'ordonnèrent de les conduire à mon domicile. Soigneusement encadré je leur montrai le chemin. Ils me surveillaient du regard. - On t'a vu courir dans le Parc...dis toi bien que nos balles vont plus vite que toi... Je ne relevai pas la judicieuse mis en garde. Leur assistance était sans équivoque...Je commençai à réaliser doucement ce qui m'arrivait. Je venais d'amorcer le tournant en épingle à cheveux de ma destinée. Serré de très près, j'entrais dans le couloir de mon immeuble... Au pied de l'escalier une rencontre insolite. Un "bonjour Monsieur" très affable, comme de coutume, qui n'était pas prévu au programme. Mademoiselle Rooly. Elle ne voyait que moi. Toujours son petit chapeau, son éternel manteau marron et ses bas de coton mal tournés. Les flics craignant qu'elle m' entretienne de ses petites habitudes quotidiennes qui planaient sur son existence accélèrèrent la cadence. Seul l'essentiel importait... Arrivés au troisième étage un des policiers ouvrit ma porte avec la clé qu'il m'avait subtilisée. L'aînée de mes filles se tenait au sein de la pièce, plongée dans un livre. Elle releva la tête et me dévisagea. Ma compagne, dos tourné, fit volte-face et nous adressa un léger sourire. Elle dut me croire accompagné par des amis de passage. Je la dévisageai en silence... -- On n'est pas là pour se regarder dans le blanc des yeux... votre mari a des choses à voir avec nous...veuillez vous préparer pour nous suivre également. Ma fille avait compris rapidement, elle baissa la tête pour ne pas avoir à regarder les policiers plus longtemps. Les flics m'entraînèrent dans la pièce voisine. Ma compagne venait de réaliser qu'il ne s'agissait point d'insolites compagnons de route. Sur son visage je perçus une sorte de souffrance sèche, sans larme, comme une protestation qu'elle réprima dans un imperceptible gémissement... Les inspecteurs s'isolèrent avec moi. - Paraît qu'tu fais dans les fausses cartes de police ?... - J'vois pas... - Bon !... Je n'ai pas été assez clair... Tu possèderais des cartes de police... ton copain en portait une sur lui au moment de son arrestation. - Je n'ai jamais rien possédé de tout ça... - Racontes pas de salades... Antoine c'est bien toi? - Non ! Moi c'est Luc. - Commence pas à nous casser les couilles... Celui qui parlait de couilles venait de me remonter la couenne de la poitrine à coups de pieds. - Tu ferais mieux d'activer si tu veux pas un appartement mis à sac...pas très gentil pour ta famille d'être aussi peu coopérant. Après quelques secondes d'hésitation, je lui désignai un livre dans la bibliothèque qu'il saisit. - T'as de drôles de lectures, dis donc!... t'es un amateur de yoga? Remarque...c'est pas mal pour se détendre après un braquage... Je restais sans répondre. Il l'ouvrit à la page que je lui indiquai. Là se trouvait une photocopie représentant une carte d'identité de commissaire de police. Il la retourna sur tous ses angles... - C'est tout dit-il esquissant une moue de dédain. Les deux policiers se regardèrent... interrogatif... apparemment déçus. - Comment t'es-tu procuré ça ? - Une photo d'un article de journal. La vérification était simple, il s'agissait du quotidien "Libération" qui avait à l'époque dénoncé la présence de cet homme qui se trouvait dans un groupe de manifestants. Les policiers voyant qu'il n'y avait pas grand chose à tirer de tout cela n'insistèrent pas sur le sujet. - Vas pour les cartes...on verra ça plus tard... il y a plus sérieux... les armes par exemple...Tu nous donnes ce que tu détiens. C'est ainsi qu'ils me subtilisèrent un révolver qui avait appartenu à mon père à l'époque ou il faisait de la résistance. Notre entretien aurait pu se maintenir encore à ce niveau de "bons" échanges sans cette maudite feuille qui s'échappa d'un sous main que l'un des d'eux policiers avait secoué par routine. Le coup du matériel "littéraire" passa très mal. Ils m'invitèrent d'un ton vif à cesser de les prendre pour des imbéciles ce qui à première vue pouvait se comprendre et pourtant... Ce document était un ramassis d'informations hétéroclites pouvant servir à tout. Je les avais accumulées pêle-mêle, sans autre souci que d'avoir des renseignements pratiques dont le contenu était très disparate... brevet d'agriculture.. formule de peinture...adresses de chantiers. J'apparaissais maintenant comme un dangereux calculateur se livrant à de mystérieuses prospections. Terminé "l'anar" un peu Don Chichotte qui partait avec ses complices à l'assaut des "moulins-coffre-fort." J'apparaissais plutôt comme un dangereux calculateur, une sorte de terroriste qui mettait ses projets sur dossiers. .J'essayai d'expliquer l'imbroglio dans lequel je me trouvais. Ils ne déguisèrent pas leur satisfaction et m'adressèrent un franc sourire. - T'es vraiment pas chanceux Antoine... Un policier entra dans la chambre mettant fin à notre entretien. J'aperçus au fond de la pièce ma compagne et ma fille habillées, prêtes à partir - On peut y aller? demanda le nouveau. - Oui, c'est terminé, on embarque tout le monde. Je manifestai ma réprobation. Devant cette résistance, ils tinrent à me rassurer et m'expliquèrent qu'il ne s'agissait pour ma famille que d'un simple témoignage qui ne saurait se prolonger. Le hasard voulut que ma plus jeune fille soit au lycée, sinon elle aurait eu droit également à la croisière. Le car de police m'attendait sur la place à quelques mètres de notre domicile. "Gentille" précaution prise pour éviter les mauvais regards du voisinage, c'est du moins ce que l'on tenta de me faire comprendre, histoire d'éviter le scandale. Les deux battants de porte claquèrent et le fourgon démarra. Je partais vers ma nouvelle destinée. Le car de police traversa tout Paris pour rejoindre la rue Achille Martinet. Embouteillage ique qui nous tint quelques minutes à proximité du commissariat. À l'angle de la rue j'entrevis un petit café. Deux hommes en sortirent et s'adressèrent à mes "anges gardiens." - Vous les avez sérré ? Ils se contentèrent de sourir pour appuyer leur affirmation. Ce devait être l'endroit où viennent se désaltérer la plupart des inspecteurs après la "chasse." Annexe de la deuxième BT. On y vient se calmer ses nerfs après les "planques" et les "flags." Enfin la rue se libéra.... J'entrai dans un couloir assez spacieux et gravis quelques étages en bonne compagnie. Le soleil s'était dissimulé, un après-midi grisâtre s'annonçait au tableau. Le comité d'accueil me fit vider ce qui restait dans mes poches. C'était dans les moeurs. La tristesse des lieux n'ajoutait rien à l'ambiance générale qui baignait dans une lourde monotonie. Je fus distrait de mes pensées par une phrase dont je m'expliquai mal le sens. - Le patron veut qu'on le mette au "frigo." L'homme qui venait de parler devait gérer les mouvements. Il portait une petite moustache, son crâne présentait une calvitie naissante et son dos courbait sous le poids d'une existence passée à remplir et vider les cellules où se tenaient les délinquants. Ses yeux semblaient pris dans une fixité que rien ne pouvait distraire. Un clope, jauni dans l'attente d'une flamme régénératrice, pendait à la commissure de ses lèvres. Son pantalon et sa chemise s'accommodaient du pâle coloris de la pièce. Il représentait l'employé en fin de parcours. Surement proche de la retraite. Il devait attandre que ça se passe. Sur son visage je sentais planer l'expression d'une vie qui s'était enterrée dans un quotidien routinier. Au frigo !...Qu'il avait dit le patron...ça promettait. Il me fit entrer dans un cachot très étroit, isolé au fond d'une pièce, à proximité d'un réfrigérateur. C'est là-dedans que le personnel stockait sa cantine et les quelques boissons qu'il avait à consommer.... Le fameux "frigo..." L'employé triste et falot qui m'accompagnait crut bon de s'excuser pour les menottes qui me maintenaient les bras derrière le dos. - C'est la consigne. Ils veulent que vous gardiez les "bracelets. Je viendrai vous les desserrer quand ils iront manger. Je lui adressai un signe de remerciement pour cette sollicitude. L'espace était exigü. Une toute petite banquette pour s'asseoir... Je m'y effondrais. Il se passa une bonne heure avant d'apercevoir le visage de mon employé apparaître derrière le grillage de la porte : - Je viens vous chercher, vous allez voir ces messieurs. J'étais heureux de sortir de ce cagibi où je m'ankylosais. Il m'entraîna dans un long couloir. Tournant la tête sur ma gauche j'aperçus dans une sorte de hall quelques cellules, dans lesquelles étaient en attente certains "patients." À travers les larges barreaux d'une cellule qui occupait tout le fond de la pièce,je vis les visages inquiets de ma fille et de mon épouse. Deux petits visages perdus...deux paires de grands yeux...nos regards se croisèrent...juste quelques secondes...le temps de leur adresser un petit signe de tête. Je me sentai envahi par une torpeur indicible. Contrairement aux promesses que l'on m'avait faites, elles étaient mises en garde à vue. Le piège. J'entrai dans le bureau où l'inspecteur m'attendait. J'avais toujours ces satanées menottes qui m'engourdissaient les mains. Mon interlocuteur se montra d'une parfaite politesse qui se voulait stratégiquement rassurante. Il me fit asseoir. Commencèrent les questions sur mon curriculum vitae dont on fit un rapide contour. Tout se déroulait dans une parfaite conformité. Seul, un tutoiement familier venait troubler cette "transparente" politesse. Très certainement qu'en ces lieux un présumé coupable est un homme à tutoyer "chaleureusement". Après avoir épuisé les questions les plus courantes, nous arrivâmes enfin au pourquoi du comment. - Alors Antoine ?.. Tu dois savoir pourquoi tu es là?... Tu dois nous dire la vérité Antoine... on sait tout ...pense à ta femme...à ta fille...tu veux pas ruiner leur vie... Je restais sans réaction. - On te demande simplement Antoine de ne pas être aveugle...il faut que tu comprennes... Une simple mise en garde...c'est tout!...On s'accorde!...Sinon j'embarque tout le "colis." Le piége prenait corps. Voilà pour le marché. Net. Tranchant. Sans répliques. Pas la moindre violence physique, hormis cette pression autour de ma famille. Ils visaient juste. On s'accorde, sinon... Nous étions loin, très loin des brutalités dont j'avais éprouvé les dures secousses quelques heures auparavant. La " B.T" était pour un protocole d'accord. Un bon chantage, une rassurante pression sur la famille qui restait bien traitée. Rien dans la gueule. Pas une dent cassée. Mes révélations furent de courte durée. Trop courtes. Devant cela on offrait à allias Antoine un peu de répit pour qu'il réfléchisse plus sainement. Au frigo Antoine... Il va se concentrer sur nos propositions Antoine.... En passant dans le couloir il va pouvoir contempler une nouvelle fois l'inquiétude de sa petite femme et de sa fille... comprendre le désespoir qui les envahit... Antoine tu dois réfléchir très fort... regarde-les et pense à leur avenir. J'avais tout le temps d'y penser. On m'installa de nouveau dans le trou à proximité du frigo. L'employé mélancolique referma la porte, marqua une hésitation et s'inquiéta subitement de savoir si j'avais faim. Dans un souffle, un peu gêné, il m'invita à prendre un casse-croûte avec de la bière. Je le remerciai. Fébrilement, il ouvrit la porte. - Je vais vous desserrer les menottes, comme promis. Il me laissa à nouveau seul. Je le vis partir le dos voûté et la tête basse. Cet homme, c'était une sorte de tristesse ambulante. Il n'avait pas réussi à sortir cynique de sa misère humaine, il en était simplement marqué pour l'avoir absorbé comme un buvard. Il avait la tête d'un jardinier qui se serait un jour fâché avec les fleurs et n'aurait pu s'en remettre. Je ne m'attendais pas à trouver en cet endroit plutôt déshumanisé cet sorte d'individu. L'exiguïté de l'espace m'oppressait, je n'avais aucune notion de l'heure. J'entrevis à travers la fenêtre opaque quelques lumineuses façades qui m'indiquèrent que la nuit était tombée. Le silence se fit encore lourd et mes yeux pesants se fermèrent sur un demi-sommeil. Quand je les ouvris quelques minutes après, j'entendis des portes se fermer brutalement, des bruits de pas dans l'escalier... des voix... "A demain !... Arrive de bonne heure !...Salut !.." Le calme recouvrit le bruit de mes pensées. Toute la nuit pour réfléchir... Commentaires : 1 publié Tous les messages de ce blog CanalBlog © 2003 - 2006
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